Les 4 principales dimensions interculturelles de l’aménagement de bureau

30 janvier 2017 14 minutes to read

L’effet start-up dans l’aménagement de bureau est un phénomène venu du modèle anglo-saxon. Ces nouvelles cultures sont-elles uniformes, ou bien, existe-t-il des différences en fonction des pays ?

Les agenceurs de bureau prennent, déjà , en compte les cultures dites, nouvelles, de travail. (voir article précédent). Une dimension supplémentaire peut être prise en compte pour les entreprises qui emploient des collaborateurs internationaux, ou qui sont tournés vers l’international. Peut-on parler d’agencement de bureau spécifiquement hexagonal, ou une entreprise peut-elle prendre en compte les spécificités culturelles ? Une étude menée par le Baromètre Edenred-Ipsos 2016 « Comprendre et améliorer le bien-être au travail » réalisée en 2016 indique des tendances de perception de vie au bureau, avec des groupements de pays en fonction des réponses. De manière générale est-il possible d’avoir une grille de lecture interculturelles pour l’agencement de bureau ?

 

De la même manière qu’une culture ne se définit pas en quelques mots, il pourra être pertinent de s’intéresser aux tendances de chaque pays face à une situation donnée. Le précurseur et le fondateur d’une telle lecture est le psychologue Geert Hofstede. Il a mis en place une étude auprès des collaborateurs de chez IBM.  Il a tout d’abord étudié, puis analysé, les réponses d’une grande partie de ces collaborateurs à travers le monde (près de 100 000 salariés IBM sur une longue période). Il en ressort six tendances, comme six marqueurs de lecture d’une culture : la distance hiérarchique, le contrôle de l’incertitude, l’individualisme et le collectivisme, la dimension masculine-féminine, l’orientation court terme-long terme (ajoutée au modèle en 1991) et depuis 2010 une nouvelle dimension celle de l’indulgence (basée sur relations humaines, la gratification, la joie de vivre et le bien-être). De cette grille, on pourra retenir 4 marqueurs qui pourront soutenir la réflexion du space-planner dans les réponses à donner des espaces de travail. La distance hiérarchique, l’individualisme, le masculin-féminin et l’indulgence.

Le marqueur de la « distance hiérarchique » dans l’aménagement des espaces de travail :

 

La notion de hiérarchie est différente selon les cultures. Ainsi, il apparaît que parmi les pays à hiérarchie élevée, se retrouvent notamment les pays latins européens, comme la France, les pays d’Amérique du Sud. Les entreprises des pays qui ont une dimension de distance hiérarchique élevée ont une politique de centralisation autour d’une structure pyramidale. En terme d’agencement de bureau, les nouvelles cultures de bureau dit « ouvertes » seront une thématique « plus sensible » avec une plus grande attention à porter que dans des pays de types anglo-saxon ou encore du Nord de l’Europe comme en Allemagne par exemple comme le montre le schéma ci-dessus.

 

Le marqueur de « l’individualisme-collectivisme» dans l’aménagement des espaces de travail :

 

De manière générale, les sociétés dites « communautaires » favorisent le temps passé en groupe, tandis que les sociétés dites individualistes valorisent le temps passé par les salariés pour leur vie personnelle. La notion de temps libre est d’autant plus fondamentale que l’entreprise se situe dans une culture dite individualiste. Toujours selon, le psychologue Geert Hofstede, les trois pays les plus individualistes sont les Etats-Unis, l’Australie et la Grande-Bretagne. La France comme tous les pays européens se classent également dans cette catégorie (voir schéma ci-dessus). Les cultures asiatiques, notamment le Japon comme le montre le schéma ci-dessous sont plus orientées culture « communautaire », les décisions sont prises collectivement, par exemple. En terme d’agencement de bureau, dans des entreprises de pays à culture « individualistes » , les facteurs de bien-être individuels, mais aussi d’espaces uniques sont de plus en plus importants à prendre en compte. Paradoxalement, les espaces de bien-être pourront amener les agenceurs à penser des lieux de convivialité qui vont rapprocher les salariés entre eux. L’émergence des Chief Happiness Officer en sont l’une des caractéristiques.

Le marqueur du « masculin-féminin » dans l’aménagement des espaces de travail :

 

Ces valeurs représentent les deux extrêmes entre les celles dites de réussite et de possession (masculin) et celles accordées à l’entre-aide et l’environnement social (féminin). Les pays possédant un score élevé de féminité sont les pays scandinaves, les Pays-Bas. A contrario, le Japon (95) détient un score très élevé de masculinité, mais aussi dans une moindre mesure l’Allemagne… La France, quand à  elle, est orientée plutôt vers une tendance médiane « féminine ». D’un point de vue de l’agencement de bureau, la notion des couleurs, des choix des matériaux, des lignes, seront très importants. Du noir, gris aux couleurs plus vives en passant par des matériaux chaud comme le bois ou au contraire métallisés sauront mettre en valeur la culture de l’entreprise.

Le marqueur de la « modération » dans l’aménagement des espaces de travail :

 

La culture peut aussi se « lire » au travers du prisme de sa capacité à satisfaire les besoins immédiats et personnels de personnes qui la composent ; sa capacité à être joyeux et profiter de la vie. La France se place en médiane par rapport à cette tendance, Dernièrement le New-York Times saluait la loi française sur le droit à la déconnection au travail, une loi unique au monde pour protéger les salariés et faire la différence entre le travail et la sphère privée.

Le space-planner aura une écoute toute particulière à cette tendance qui dans tous les cas est une tendance de fond dans les aménagements des espaces de travail. Mettre en place des espaces qui donnent la possibilité aux collaborateurs de préserver leur intégrité tout en leur donnant l’accessibilité à des moments de détente et de plaisir.

Une grille de lecture interculturelle dans l’agencement d’espace de travail est un outil pour accompagner le space-planner. Mais à cela s’ajoute, l’histoire de l’entreprise, son métier, son marché, le nombre de ses salariés et ses ambitions à l’international. « Penser international, penser futur, penser avant les autres. Et agir de même* » ouvre des perspectives dans la diversité possible des agencements de bureau que cela soit en terme de design, de lignes, de couleurs, de matériaux… Ces espaces imprégnés d’interculturel sauront non seulement plaire à une diversité de collaborateurs mais aussi aux clients de l’entreprise. Cette dernière se positionnant comme une référence, à l’écoute de son marché, et de ses partenaires, pouvant ainsi aller plus loin vers l’excellence.

 

Références :

Grille de lecture par pays et en les comparant : https://geert-hofstede.com/national-culture.html

* Citation de Robert Maxwell

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